LA GYMNASTIQUE HOLISTIQUE

L'HISTORIQUE


La Gymnastique Holistique (GH) est issue d'un travail ayant débuté il y a plus d'une centaine d'années et vise une meilleure connaissance de soi par une prise de conscience corporelle et par des mouvements basés sur la perception plutôt que sur la performance. Elsa Gindler (1885-1961), d’origine allemande, fut l’une des pionnières qui explora cette façon de bouger et de soulager le corps et l’esprit. À partir de son expérience personnelle et de mouvements effectués avec d'autres précurseurs, elle se laissa guider par son intuition pour approfondir ce travail avec ses groupes d’élèves. Par la suite, Lily Ehrenfried (1896-1994), élève d'Elsa, poursuivit le travail et développa cette méthode d'éducation du corps. D'abord médecin en Allemagne, Lily Ehrenfried fuit le régime hitlérien et immigre en France. Ne pouvant y exercer la médecine, elle fit des études en kinésithérapie auprès de Boris Dolto. C’est grâce à ses expériences personnelles et professionnelles qu’elle ajouta de la rigueur  à cette méthode en y apportant ses connaissances en physiologie, en bio-mécanique et en pathologies humaines. Depuis, cette méthode est enseignée en France, au Canada (Québec), au Brésil, en Espagne, en Suisse et en Grèce.




LES PRINCIPES


La GH fait surtout appel à l’intelligence du corps. Comme le disait Lily Ehrenfried : «Tout se passe comme si […] le corps lui-même possédait une tendance à retrouver son équilibre et son fonctionnement optimum, sans que le sujet lui-même – l’être pensant, conscient, ayant une volonté – ait à intervenir. Les différentes parties – épaules, torse, cou. etc. – s’articulent d’elles-mêmes différemment, et cette nouvelle position donne un tel soulagement, un tel bien-être, que le sujet, y étant devenu sensible, cherche à la conserver parce qu’elle lui est agréable.» 


En GH, il n’y a pas d’objectif de correction : le travail et les résultats viennent de la sensation. L'accent est donc mis sur l'expérimentation et l’apprentissage sensori-moteur ; on prend conscience du corps en mouvement dans l'espace. Il faut d’abord sentir son état physique et mental pour pouvoir le modifier. Pour cela, l'individu doit choisir volontairement de vivre ce processus de changement. Pour se faire, la praticienne amène les participantes et les participants à être présents à eux-mêmes, à développer leur sensibilité puis à accueillir ce qu'ils ressentent. C'est donc à eux de faire le travail, la praticienne n'étant qu'un guide qui les amène à prendre leur bien-être en main. Et puisque le corps a besoin d'entretien, ils devront idéalement adopter une pratique personnelle et quotidienne basée sur leurs besoins généraux et spécifiques.

 



LES AXES DE TRAVAIL


Puisque la GH repose sur les notions précises de l’anatomie et de la bio-mécanique, la praticienne invite les participantes et participants à observer comment ils positionnent leurs pieds, leur colonne, leurs membres, leur tête… De là, elle propose des mouvements favorisant un placement juste du corps. Par exemple, les participantes et participants, en prenant conscience de leurs pieds, seront invités à expérimenter un placement différent qui entraînera, comme un effet à la chaîne, le repositionnement d’autres parties du corps.


Parce que la respiration est à la base de la vie, elle est aussi au coeur de cette méthode. Cependant, ici on ne force pas la respiration, on vise plutôt à la rendre libre et facile. Plutôt que de la contrôler, on amène le corps à respirer sans contrainte en travaillant sur la musculature et les structures osseuses associciées aux mouvements respiratoires. En plus de prendre contact avec le placement du corps et la respiration, la GH permet de sentir ce qu’est à la fois une détente et un tonus «juste». Pour cela, on apprend alors à relâcher les muscles qui travaillent trop et à «réveiller», par stimulation et tonification, ceux qui semblent plus paresseux ou trop relâchés. On apprend à utiliser son corps avec tout juste ce qu’il faut d’énergie. Pas moins, pas plus ! En somme, on s’économise. Ceci permet alors d’éviter l’usure prématurée des structures musculaires, articulaires et osseuses. Donc, moins d’inconforts, de douleurs ou de blessures…

 



LES SÉANCES


D’abord, la praticiennne vous rencontre individuellement et vous invite à répondre à un questionnaire : c'est un bilan sur l’état de votre santé. Ensuite, vous établissez vos priorités et définissez quels aspects de votre santé vous désirez améliorer. Finalement, elle évalue votre posture et conserve tous ces renseignements dans ses dossiers. Ces informations lui permettront de bâtir les séances en choisissant des mouvements répondant à vos objectifs. Bien sûr, vous serez invités à travailler à votre propre rythme et à respecter vos limites.


En ce qui concerne les séances, elles sont d’une durée de 90 minutes et tiennent compte des objectifs individuels fixés par les participantes et participants lors de la rencontre initiale et de leurs besoins exprimés en début de séance. Le déroulement de la séance s'adapte aux réactions et aux «sentis» que vivent les participantes et participants durant le travail. Ces derniers sont donc invités à exprimer leurs impressions et découvertes. Pour sa part, la praticienne s'engage à écouter et recevoir les commentaires. La séance se termine par un court bilan où chacun, idéalement, exprime l'état dans lequel il se sent par rapport à son état du début.


Lors des séances de GH, divers accessoires peuvent être utilisés : des balles de différentes tailles et fermeté, des bâtons, des sacs de sarrasin ou de sable, des blocs en bois, etc. Ces accessoires ont pour but de procurer un massage, de servir de repère pour le placement du corps, de faire sentir certaines zones du corps, de «jouer» avec le mouvement et d'éveiller diverses sensations.


Par ailleurs, les mouvements exécutés durant la séance se font debout, assis sur un tabouret ou au sol, à quatre pattes, couché sur le dos, le ventre ou le côté. Le choix des positions de travail est prédéterminé par les besoins des participantes et participants, par leur mobilité et par leur étant de santé.


Bien que généralement les praticiennes travaillent avec un petit groupe –souvent moins de dix personnes–, elles peuvent aussi offrir des rencontres individuelles.




VOYAGER GRÂCE AUX MOUVEMENTS


L'une des particulatités de la GH c'est que les mouvements sont enseignés par descriptions : la praticienne ne les exécute pas, elle s'assure de les décrire de manière précise tout en veillant à ce que les participantes et participants comprennent bien ce qu’il y a à faire. Ceci a pour effet de rendre les participantes et participants responsables d'explorer le chemin à suivre pour exécuter les mouvements demandés. Ce qui est découvert par la sensation s’inscrit profondément dans le cerveau et le corps; en conséquence, ils deviennent plus conscients de leur posture et de leur façon de bouger.


Tout en douceur, les participantes et participants expérimentent d’abord le mouvement d’un côté –à leur rythme et en s’accordant des temps de pause– puis observent, s’ouvrent aux sensations et se laissent imprégner par leurs découvertes. Ici, aucun jugement, pas de comparaison avec son voisin, juste sa vérité, son vécu, son expérience corporelle.


Quant à elle, la praticienne accueille chaque participante et participant dans leur globalité et leur unicité et les invite à être présents à eux-mêmes. Le travail se fait dans le respect, sans souci de performance ou de compétition. Chacun pour soi et avec soi ! Pour favoriser la prise de conscience, l'écoute des sensations et l’assimilation des apprentissages, un temps de repos est alloué entre chaque mouvement où les participantes et participants comparent leur état d’avant et d’après. Une fois que le geste est compris et ressenti, il est intégré par le corps. Le mouvement devient alors un voyage unique, une expérience vécue différemment d’un côté à l’autre, d’une séance à l’autre, d’une personne à une autre.




LES EFFETS


Les mouvements exécutés en GH touchent à plusieurs composantes de la condition physique : la respiration devient plus fluide et profonde; les muscles sont relâchés puis tonifiés; les articulations s’assouplissent, se lubrifient et acquièrent de la mobilité et de l'amplitude; le squelette se repositionne dans un axe plus juste et plus reposant; les mouvements gagnent en finesse; les inconforts diminuent et la douleur s’apaise.


La pratique régulière de la GH permet…

  • de détendre le corps et l'esprit, donc contribue à diminuer les effets négatifs des stress physiques et mentaux;


  • de prévenir la maladie et la dégénérescence;


  • à la posture de tendre vers l'équilibre;


  • de gérer sa dépense d’énergie et à l'utiliser de façon juste;


  • de faire vivre l’expérience d’un état à la fois calme et dynamique ;


  • de vivifier l'organisme au complet (tous les organes en profitent et voient leur fonctionnement s’améliorer);

  • de développer la mémoire;


  • d'encourager le plaisir à se sentir bien et à surmonter ses limites de mouvements;


  • d'être attentif à ses besoins et à l'écoute de ses perceptions;


  • une plus grande adaptabilité;


  • de s'initier à l'anatomie;


  • l'union «corps-cœur-esprit».




EN CONCLUSION


Pratiquer la GH c’est s’offrir la possibilité d’entrer en contact avec soi, de s’accorder du temps et de se ressourcer. C’est apprendre à jouer de l’instrument qu’est son corps, pour son mieux-être. C’est apprendre à se prendre en charge, à s’approprier son corps, à s’épanouir au-delà de ses petits (ou grands) malaises et d’augmenter sa confiance. Que ce soit dans un but curatif, préventif ou éducatif, la GH s’avère un outil unique et plaisant pour travailler le corps et bien vivre au quotidien. C’est apprendre par «corps» qui nous sommes grâce aux mouvements faits dans l'ouverture et l'écoute de son «Être» tout entier.